Au début, la montée à Chèvremont était un acte individuel. Si les autorités épiscopales de l’époque tinrent à installer un couvent et une église d’importance sur le site marial, ce fut à cause de la ferveur des pèlerins.

Les pèlerinages jouèrent un rôle important dans la vie religieuse, communautaire et sociale de la région. La sainte colline fut le pèlerinage liégeois par excellence.

Le lundi de Pâques était jour de triomphe pour Chèvremont. Des milliers de visiteurs se relayaient sans cesse. Près de la chapelle, des marchands d’objets de piété proposaient aux passants chapelets, bougies, médailles, souvenirs, …

Les jeunes filles en quête d’époux allaient prier là-haut, celles qui étaient en attente de leur prochain mariage gravissaient la colline mais sans leur fiancé, car c’était de mauvais augure pour leur couple. Un dicton assurait que si on montait la colline à deux, on la redescendait seul ! De fait, les jeunes gens attendaient leur promise au pied de la montagne en consommant plus d’une goutte de pècket !

Si les dimanches de communion solennelle étaient consacrés à la célébration religieuse, les lundis l’étaient au pèlerinage. Communiants et communiantes, vêtus de leurs beaux atours « du second jour » venaient de tous les coins du diocèse se placer sous sa protection.

Les lavandières (nombreuses dans la vallée : le gravier de Basse Ransy étaient surnommés le « lavoir de Liège ») et les cloutiers de la région se retrouvaient sur la colline pour se placer sous l’égide de Notre-Dame.

Les différentes branches économiques du village de Vaux profitèrent des retombées du succès des pèlerinages : marchands d’objets de piété, metteuses de chandelles, marchands ambulants, débits de boissons (café des Mousquetaires, café Baiwir, et même un cabaret (Vauxhall), des restaurants. Il y avait même un habitant de Chèvremont, chevrier de son métier, qui se transformait en photographe à l’occasion et proposait ses services aux pèlerins afin de conserver un souvenir de leur passage.

Au pied du Thier, le Saint Antoine et La Maison Blanche étaient des établissements renommés.

A Chèvremont, certains se rappellent encore du café Piedboeuf. Près de la Basilique, il y avait 3 maisons renommées : le Restaurant de l’Enfant Jésus, celui de la Vierge Marie (chez Renéry), et l’Hôtel Notre Dame qui fut exproprié lors de la construction de la route.

Enfin n’oublions pas de parler du plat traditionnellement lié au pèlerinage : la Fricassée de Chèvremont. La tradition de ce plat est représentée dans toutes les manifestations folkloriques par « Les Chevaliers de la Fricassée ».

Berthe Bolsée, institutrice et poétesse née à Vaux, l’a admirablement chantée dans son « Ode française à la fricassée de Chèvremont ».