Les Jésuites anglais fuyant la persécution dans leur pays étaient installés notamment à Liège où ils ont fondé un collège en 1617 sur le site de Hocheporte, qui deviendra plus tard l’Hôpital des Anglais. Actuellement ce bâtiment a été repris par la Région wallonne en 1994 pour y installer ses services.

Au 17ème siècle selon leurs traditions, les Jésuites anglais vont chercher hors ville une maison de campagne pour leurs novices et étudiants. Ils vont la trouver au lieu-dit « La Haie du Loup » (à gauche de la route de Fléron lorsque l’on monte à Chèvremont). En 1678, ils pourront acheter cette propriété (appelée Ferme des Anglais) grâce à la générosité d’un bienfaiteur, lord Castlemain. En 1688, ils feront construire, en face de ce bâtiment, ce qu’on appelle la « Villa des Jésuites », actuellement propriété de Jean Galler.

Le site de Chèvremont avec ses ruines, son point de vue, son calme champêtre va offrir à leurs promenades un but tout naturel. C’est ainsi que, sur la colline de Chèvremont, ils vont dresser un petit oratoire comme ils ont coutume de le faire à proximité de leurs demeures, oratoire dont on n’a gardé aucune trace. A leur surprise, ils voient affluer vers cette construction précaire des personnes voisines du lieu. En 1687, ils vont obtenir du Prince-Evêque Maximilien-Henri de Bavière l’autorisation de construire une chapelle digne de recevoir tous ces fidèles. Construite en 1688, c’est la partie actuelle du chœur. Ce bâtiment n’est pas orienté selon les traditions du Moyen Age et son plan pentagonal est rare dans la région. Evoque-t-il une étoile, évoque-t-il la Vierge ? La question reste posée. L’inscription au-dessus de l’autel « 16- s Maria Ora Pro Anglia- 88 » rappelle que les Jésuites n’ont pas oublié leur pays d’origine. En 1697 vu l’affluence des pèlerins, la chapelle sera agrandie pour accueillir plus de monde (c’est la partie où les bancs se trouvent actuellement). Cette partie est rattachée au porche, les murs sont d’une facture plus rustique et le travail plus rapide. Il est en fait l’œuvre de la population.

Son histoire est encore marquée par son rattachement en 1722 à la corporation des cloutiers de Chênée qui vont y élire leur gouverneur et y célébrer leurs 3 messes annuelles en l’honneur de leur patron St Eloi, de St Roch ainsi qu’à la fête de St Hubert.

Dans cette chapelle, se trouvent deux pièces maîtresses : les deux statues de la Vierge.

La plus grande, en bois peint, occupe encore sa place primitive dans la niche du retable. Son socle sculpté d’oves semble bien avoir été conçu avec la statue lors de l’aménagement de l’autel en 1688.

La célèbre statuette dite miraculeuse, en terre cuite blanchâtre recouverte d’une polychromie maintes fois rechargée, représente la Vierge soutenant sur le bras droit l’Enfant Jésus. Elle est coiffée simplement, les cheveux noués derrière la tête. Elle n’occupe plus le socle prévu pour elle dans la partie supérieure de l’autel.

Après le couronnement de la statue en reconnaissance officielle du pèlerinage accordé par un bref pontifical de Pie XI en 1923, elle est posée au centre de la chapelle sur un trône pour être plus proche des fidèles.

A l’intérieur du chœur de magnifiques vitraux, œuvres de Joseph Osterrath de Tilff en 1928, rappellent les grands moments de l’histoire de la chapelle.